Le début de l'après-midi s'annonçait nuageux mais pas trop frais pour la saison. Je le découvris en ouvrant les yeux dans la tannière des guerriers, enfin réveillée après avoir patrouillé toute la nuit. Je me leva de ma litière et m'étira en baillant avant de mettre le nez dehors. Comme je l'avais deviné, le ciel était couvert par plusieurs nuages cotonneux, pas assez noirs cependant pour annoncer la pluie. Je me dirigea vers le monceau de proies et attrappa une mince grive que je dégusta devant la tannière. Il était grand temps de retourner à la chasse. Après avoir terminé ma proie, je me dirigea vers la sortie du camp, bien vite interpellée par Etoile Noire.
- Griffe Noire ? Où vas-tu ?
Je me retourna et m'inclina avec déférence devant le chef de l'Ombre en répondant :
- Je pars à la chasse.
- Bonne idée, nos ressources s'amenuisent. Tu ne veux pas quelque chose pour éviter d'avoir faim durant ta chasse ?
Comme je restais silencieuse, méditant sur la question, Etoile Noire finit par me dire :
- Va voir Epine de Rose, ensuite tu pourras y aller.
M'inclinant une nouvelle fois avec respect, je me dirigea en vitesse jusqu'à la tannière de notre guérisseuse. Comme d'habitude, elle s'affairait vivement, gigotant dans tous les sens en cherchant tel ou tel remède pour ses nombreux patients. Lassée de ses allées et venues, je finis par m'éclaircir la gorge afin d'attirer son attention.
- Ah Griffe Noire, que se passe-t-il ? daigna enfin de répondre la chatte dorée.
- Il me faudrait de quoi me caler l'estomac.
- J'arrive tout de suite.
Epine de Rose s'enfonça dans sa tannière et revint peu de temps après avec trois graines dans la bouche qu'elle déposa à mes pattes.
- Mâche ces graines de pavot et je peux t'assurer que tu n'auras plus faim jusqu'à demain matin.
- Merci, marmonnais-je en grimaçant à l'odeur du remède.
- Ce n'est pas très bon mais c'est efficace, souligna la guérisseuse avant de retourner à ses patients.
J'hésitais un moment à emmener les graines dehors et les enterrer dès que possible mais il fallait que mon ventre soit plein pour aller chasser. Je plissa le nez en regardant les graines qui semblaient me narguer puis les mâcha avidemment en songeant le moins possible à ce que j'avais dans la bouche. En sortant de la tannière, je du me rendre à l'évidence, le remède marchait, j'avais l'impression d'avoir engloutit un repas entier.
Je finis par trottiner hors du camp et de partir en chasse. Ce ne fut que lorsque je fus dans les hautes herbes que mon instinct me prévint d'un danger. Un chat était dans les parages, du moins quelqu'un me suivait. Je m'arrêta brusquement et hérissa le poil, prête à me battre.